<258>que, quelque envie que j'aie d'obéir en tout à vos ordres, je me trouve, pour cette fois-ci, dans l'impossibilité d'y satisfaire.

Voilà les jésuites chassés. V. A. R. saura que les miens seront conservés; la bulle de suppressiona ne sera point publiée chez nous. Si V. A. R. est curieuse d'en savoir la raison, je la lui dirai. J'ai promis par la paix de conserver la religion catholique in statu quo; et comme je suis très-hérétique, père Ganganelli ne saurait me dispenser de mon serment; ce qui m'oblige de laisser toutes choses sur l'ancien pied. J'espère, madame, que ce procédé me conciliera votre confesseur, que je regarde comme l'homme le plus inutile de la cour, parce que vous n'avez jamais rien à lui dire qui mérite contrition. Enfin, si avec le temps V. A. R. ou quelque autre prend du goût pour nos bons pères supprimés, je la prie de s'adresser à moi pour lui fournir de cette drogue.

Je suis avec la plus haute considération et l'estime la plus parfaite, etc.

173. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 1er novembre 1773.



Sire,

Puisque vous le voulez absolument, vous ne serez donc pas un roi prophète; mais un roi qui, comme vous, commande aux événements vaut bien, ce me semble, un prophète qui les prédit après coup. Si V. M. veut sérieusement que les Turcs fassent la paix, ils la feront, et, directement ou indirectement, Frédéric les y amènera. C'est sur quoi je compte fort pour le bien de l'humanité et pour le mien, qui n'aime rien moins que le carnage, et qui tremble toujours de voir le feu prendre aux quatre coins de l'Europe. Il est vrai que ces embrasements donnent beau jeu à vous autres héros; il est encore vrai que le faible de


a Frédéric parle du bref du 21 juillet 1773, commençant par les mots : Dominus ac Redemptor noster.