<227>encore dans l'univers, lorsqu'on a eu le bonheur de vous connaître? Il n'est personne, Sire, qui vous porte un tribut plus sincère de haute estime et d'attachement que celle que V. M. daigne nommer diva Antonia. Je ne connais point de titre plus glorieux que celui d'être à jamais, etc.

152. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Le 11 novembre 1771.



Madame ma sœur,

Il n'y avait que la goutte qui pût m'empêcher de répondre plus tôt à V. A. R. J'en ai été si maltraité pour cette fois, qu'elle m'a tenu quatre semaines les pieds et les mains garrottés.b Le bras droit, dont depuis j'ai recouvré l'usage, me met à présent en état de vous marquer, madame, combien je suis reconnaissant des bontés que vous daignez me témoigner. La nouvelle la plus intéressante pour moi est, sans contredit, les bons effets que V. A. R. ressent de la cure qu'elle a prise. C'est donc à moi de m'acquitter de mon vœu aux nymphes d'Aix-la-Chapelle et à la vieille simarre de Charlemagne.

Ma nièce a été bien heureuse que le séjour de V. A. R. aux bains lui ait procuré le bonheur de faire sa connaissance. Je lui ai cependant écrit de ne plus se mêler de donner des feux d'artifice, et j'ai appris avec saisissement le danger que V. A. R. a pensé y courir. Cela m'a été d'autant plus sensible, que vous ne devriez recevoir, madame, que des hommages purs, sans que des périls s'en mêlent, de tous ceux qui m'appartiennent.

V. A. R. daigne s'amuser des soins jusqu'ici infructueux que je me suis donnés pour rétablir la paix chez mes voisins. Je ne sais par quel hasard fâcheux il arrive que, lorsqu'on s'avise d'ameuter les hommes pour se battre, on réussit vite, mais que les réconciliations sont longues et pénibles à faire. Chez les puis-


b Voyez t. XXIII, p. 231 et 232.