<116>plus on doit être exalté.b VOUS voyez que je fourmille aujourd'hui en doctes citations. J'aurais pu les épargner à V. M. en lui parlant d'abord de la visite qui vient de nous occuper. Vous devinez, Sire, qu'il s'agit du séjour de l'Empereur à Dresde. Ce prince m'a paru, dans le peu de conversation particulière que j'ai eue avec lui, être né avec des qualités également aimables et solides. Je fais entrer dans cette dernière classe celles qui doivent cimenter la tranquillité de l'Europe. C'est rendre hommage à votre cœur, Sire, que de vous en faire l'éloge. Les deux jours qu'il a passés ici ont été remplis par le peu d'amusement dont ce pays est susceptible : quelques comédies, un bal malgré la canicule, ont servi de témoignages à l'empressement que nous ressentions d'amuser un jeune prince qui est dans l'âge d'aimer ces sortes de plaisirs, sans cependant qu'ils altèrent en rien son désir de s'instruire. Il a cru que le théâtre de la guerre en Saxe, en lui offrant les traces d'un grand capitaine, devait lui fournir les leçons les plus sûres. J'aurai rempli l'objet que je me propose toujours, si, malgré la longueur et le peu d'agrément de ma lettre, V. M. reçoit avec bonté les assurances de l'amitié et de la haute considération avec laquelle je suis, etc.

67. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

15 juillet 1766.



Madame ma sœur,

Avouez, madame, qu'il y a de la malice dans votre fait. Votre Altesse Royale se propose de faire tourner la tête de son très-humble serviteur, qui n'y est que trop disposée. Je reçois votre lettre obligeante; je me dis : Voilà ce que t'écrit la princesse la plus éclairée de l'Europe, et qui a le plus de lumières; et aussitôt mon amour-propre flaire doucement cet agréable encens.


b L. c., chap. XXIII, v. 12.