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218. DE VOLTAIRE.

Paris, 7 janvier 1744.

Sire, je reçois à la fois de quoi faire tourner plus d'une tête : une ancienne lettre de V. M., datée du 29 de novembre; deux médailles qui représentent au moins une partie de cette physionomie de roi et d'homme de génie; le portrait de Sa Majesté la Reine-mère, celui de madame la princesse Ulrique; et enfin, pour comble de faveurs, des vers charmants du grand Frédéric, qui commencent ainsi :

Quitterez-vous bien sûrement
L'empire de Midas, votre ingrate patrie?

M. le marquis de Fénelon avait tous ces trésors dans sa poche, et ne s'en est défait que le plus tard qu'il a pu. Il a traîné la négociation en longueur, comme s'il avait eu affaire à des Hollandais. Enfin me voilà en possession; j'ai baisé tous les portraits; madame la princesse Ulrique en rougira, si elle veut.

Il est fort insolent de baiser sans scrupule
De votre auguste sœur les modestes appas;
Mais les voir, les tenir, et ne les baiser pas,
Cela serait trop ridicule.

J'en ai fait autant, Sire, à vos vers, dont l'harmonie et la vivacité m'ont fait presque autant d'effet que la miniature de S. A. R. Je disais :

Quel est cet agréable son?
D'où vient cette profusion
De belles rimes redoublées?
Par qui les Muses appelées
Ont-elles quitté l'Hélicon?
Est-ce Bernard,a mon compagnon,

Qui de fleurs sème les allées
Des jardins du sacré vallon?
Est-ce l'architecte Amphion,


a Voyez ci-dessus, p. 35.