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14. DU MÊME.

(Amsterdam) février 1737.

Les lauriers d'Apollon se fanaient sur la terre,
Les beaux-arts languissaient ainsi que les vertus;
La Fraude aux yeux menteurs et l'aveugle Plutus
Entre les mains des rois gouvernaient le tonnerre.
La Nature indignée élève alors sa voix :
Je veux former, dit-elle, un règne heureux et juste,
Je veux qu'un héros naisse, et qu'il joigne à la fois
Les talents de Virgile et les vertus d'Auguste,
Pour l'ornement du monde et l'exemple des rois.
Elle dit; et du ciel les Vertus descendirent,
Tout le Nord tressaillit, tout l'Olympe accourut;
L'olive, les lauriers, les myrtes reverdirent,
Et Frédéric parut.

Que votre modestie, monseigneur, pardonne ce petit enthousiasme à cette vénération pleine de tendresse que mon cœur sent pour vous.

J'ai reçu les lettres charmantes de V. A. R., et des vers tels qu'en faisait Catulle du temps de César. Vous voulez donc exceller en tout? J'ai appris que c'est donc Socrate et non Frédéric que V. A. R. m'a donné. Encore une fois, monseigneur, je déteste les persécuteurs de Socrate, sans me soucier infiniment de ce sage au nez épaté.

Socrate ne m'est rien, c'est Frédéric que j'aime.

Quelle différence entre un bavard athénien, avec son démon familier, et un prince qui fait les délices des hommes et qui en fera la félicité!

J'ai vu à Amsterdam des Berlinois : Fruere fama tui, Germanice.a Ils parlent de V. A. R. avec des transports d'admiration. Je m'informe de votre personne à tout le monde. Je dis : Ubi est Deus meus?a Deus tuus, me répond-on, a le plus beau régiment


a Tacite, Annales, liv. II, chap. 13.

a Psaume XLI, v. 4 et 11, selon la Vulgate. (Psaume XLII, v. 4 et 11, selon la traduction de Luther.)