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57. A M. DE SUHM. (No 11.)

Berlin, 27 juillet 1737.



Mon cher Diaphane,

Il semble que tous les éléments ligués aient conspiré votre perte. L'eau a pensé vous être funeste dans votre voyage, et le feu vient de vous talonner deux fois. Avec cela le froid excessif qu'il fait en hiver, ne voilà-t-il pas de quoi vous abîmer suffisamment? Quittez donc, je vous prie, au plus vite un pays pour lequel vous n'êtes point né, et revenez dans des lieux où vous savez que votre personne est chérie.

Puisque votre destin vous fait cependant habiter dans ces lieux lointains, permettez-moi de tirer encore un usage du séjour que vous y ferez. Ayez la bonté de me répondre en détail aux points que je vous marquerai, et desquels je souhaiterais être instruit à fond. Vous aurez soin d'écarter toutes les nouvelles fausses ou incertaines, et de ne donner place qu'aux seules vérités que vous apprendrez.

Je souhaiterais savoir :

<333>Ayez la bonté de me répondre à tous ces points, et cela, sur un papier à part.365-a Si les obligations que je vous ai déjà étaient de nature à pouvoir être augmentées, ce serait par le plaisir que je vous prie de me faire. Adieu, mon cher; je suis avec une très-parfaite amitié,



Mon cher Diaphane,

Votre très-fidèlement affectionné ami,
Federic.


365-a Frédéric posait ces douze questions à M. de Suhm à la demande de Voltaire, qui avait écrit dans sa réponse sans date à la lettre du Prince royal, du 14 ou du 20 mai 1737 : « Je me jette aux pieds de Votre Altesse Royale; je la supplie de vouloir bien engager un serviteur éclairé qu'elle a en Moscovie à répondre aux questions ci-jointes. »