34. AU MÊME.

Ruppin, 8 mars 1733.



Mon très-cher ami,

Je vous rends mille grâces de la vôtre, et j'avoue que j'ai été fort surpris touchant ce que vous me dites du lieutenant-colonel Bredow. C'est la première nouvelle que j'en apprends, et j'avoue que je ne connais ni de vue ni d'aucune façon cet honnête homme-<82>là. Je vous prie donc de me faire savoir si la chose est sûre, et en qualité de quoi il doit m'appartenir, et de me donner du moins une idée de son caractère. Nous sommes ici comme des souris tapies dans leurs sombres tanières. Le Roi m'a écrit très-gracieusement qu'il avait commandé mes habits pour Salzthal. Je ferais volontiers part au Roi de la lettre de l'anonyme, mais je crains que le Roi ne puisse me soupçonner de quelque intelligence, ce qui me pourrait faire du tort, voyant que ces gens me veulent du bien. Adieu, mon très-cher ami; je souhaite de tout mon cœur que la goutte s'en retourne, et que vous soyez en paix et en repos, n'oubliant pas les bons amis de Ruppin, qui sont plus cordialement et plus sincèrement que tous les autres, etc

Frederic.

Si le Roi m'eût donné Truchs89-a de Kleist, je crois que c'eût été assez mon fait.


89-a Le comte Truchsess-Waldbourg, alors lieutenant-colonel dans le régiment d'infanterie du colonel de Kleist, no 26, à Berlin, est mentionné honorablement t. II, p. 126, et t. III, p. 130.