<8>Chrétiens, si ces idées étaient toujours présentes à votre esprit, si votre imagination vous peignait ces objets avec ses plus vives couleurs, comment pourriez-vous, dans ces jours ouverts à la clémence, pendant ce temps d'épreuve, négliger de si grands biens? Où est l'esprit humain assez frivole, assez superficiel pour ne point être frappé de la différence d'un bonheur passager ou d'un bonheur permanent? Quand dans les ténèbres de la nuit un incendie se répand dans nos cités, et que la tempête pousse avec force la voracité des flammes, de sorte que la véhémence de l'embrasement gagne avec rapidité d'un quartier dans l'autre, en faisant écrouler les maisons et les édifices, quel serait celui d'entre vous qui ne fût obligé aux soins d'un inconnu qui l'éveillerait, en lui disant : La maison de votre voisin brûle; sauvez-vous, il en est temps, ou bien les flammes gagneront votre demeure, et vous consumeront peut-être avant que vous ayez le temps de leur échapper? Ne sortiriez-vous pas avec empressement de votre habitation, en emportant ce que vous avez de plus précieux? Ah! tièdes chrétiens, esprits attachés à la matière, qui vous bornez aux choses terrestres et périssables, si la crainte de perdre vos biens, si le désir de conserver une vie qui est et sera toujours l'apanage de la mort, vous donnent tant d'activité; si vous paraissez reconnaître l'empressement de celui qui vous a tirés du danger qui vous menaçait : que ne devez-vous pas faire lorsque je vous annonce de cette chaire, non pas que votre maison brûle, non pas que votre vie est menacée, mais que vous brûlerez éternellement, que vous allez vous précipiter dans des malheurs sans fin, et que le danger qui vous attend est prêt à vous accabler? Sauvez-vous, non pas de cette maison de pierre qui vous loge, mais des péchés qui vous tiennent dans leur dur esclavage; sauvez-vous de ce monde dont la corruption, les habitudes vicieuses et le mauvais exemple vous entraînent; sauvez-vous des mains de l'esprit malfaisant qui veut vous lier pour vous livrer à la perdition. Il en est temps dans ce moment encore; peut-être avant la fin de l'année, peut-être avant la fin de cette semaine, que dis-je? peut-être avant la fin de ce jour, la mort, suspendue sur votre tête, va fondre sur vous. N'attendez pas votre grâce