<64>vaux littéraires, les services que j'ai rendus à cette Académie, et ces ouvrages qui devaient me mener à l'immortalité, si mes cendres deviennent l'objet du mépris par les taches dont on veut couvrir ma réputation, et si je ne laisse en héritage à ma famille que ma honte et mon déshonneur? Mais non, monsieur, les ennemis de M. de Maupertuis l'ont mal connu; il méprise leur fureur impuissante, et la leur pardonne. Trop philosophe pour se laisser ébranler selon le caprice de ses ennemis, et trop chrétien pour conserver dans son cœur des sentiments de vengeance, à peine a-t-il entendu les cris de leur rage, et en santé même il n'y aurait pas répondu.

Si l'amour de la gloire bien entendu est le premier mobile des grandes âmes, si ce principe est si fécond en belles actions et en vertus rares et singulières pour le bien du monde, ne doit-on pas regarder comme des perturbateurs du bien public, comme des gens plus dangereux que des assassins, ceux qui tâchent de ravir aux grands hommes une gloire justement acquise? Et que deviendra cette noble ardeur qui porte aux grandes choses par l'appât de cette légère récompense, si l'on souffre des complots de scélérats associés pour la ravir à ceux qui en sont en possession?

Voyez comme les ennemis de M. de Maupertuis se sont trompés. Ils ont pris l'envie pour l'émulation, leurs calomnies pour des vérités, le désir de perdre un homme pour sa ruine réelle, l'espérance de le réduire au désespoir pour la fin désastreuse de sa vie, et leur folie pour la méchanceté la mieux ourdie. Qu'ils apprennent enfin qu'ils se sont abusés dans leur dessein et dans leurs conjectures, et que, s'il y a des gens assez lâches pour oser calomnier de grands hommes, il s'en trouve encore, dans ces temps, d'assez vertueux pour les défendre.