<62>tations, et jamais aux disputes. Nous croyons que c'est aux philosophes à donner l'exemple au peuple, et que ceux qui cherchent la vérité de bonne foi ne sont point opiniâtres; moins prévenus d'eux-mêmes, moins amoureux de leurs pensées que ces hommes dont l'esprit grossier est demeuré en friche, ils tournent toute la sagacité de leur esprit à deviner les énigmes de la nature, ils sont reconnaissants envers ceux qui les empêchent de se tromper, et pleins d'admiration pour ceux dont les lumières les éclairent. Par ces raisons, on n'a jamais vu dans nos assemblées de ces scènes avilissantes pour un corps de gens de lettres comme celle qui, à Paris, il y a quelques années, indigna le doyen de tous les académiciens de l'Europe.

Notre prétendu académicien, après avoir débité des mensonges aussi manifestes que ceux que j'ai rapportés plus haut, ne s'arrête pas en si beau chemin; et comme si son effronterie s'accroissait à mesure qu'il répand son venin, il assure que M. de Maupertuis déshonore notre Académie. Pour celui-là, je ne m'y attendais pas. Les anciens ont avec bien de la sagesse appelé les méchants des furieux, à cause que la méchanceté est une espèce de délire qui égare la raison. Ce faiseur de libelles sans génie, cet ennemi méprisable d'un homme d'un rare mérite, n'a-t-il pu trouver d'autre calomnie plus apparente dans la stérilité de son imagination qu'une disparate semblable? N'a-t-il pas compris qu'un crime utile étant révoltant, un crime inutile devient le comble de l'infamie? Une grossièreté aussi plate, une proposition aussi absurde, ne mérite en vérité pas de réponse. A qui apprendrai-je, qui ne le sache depuis longtemps, que M. de Maupertuis fut regardé en France comme le géomètre le plus capable de vérifier les vérités que Newton avait devinées dans son cabinet touchant la figure de la terre; qu'il fut envoyé en Laponie, et que, par ses opérations géométriques, il contribua autant à sa gloire qu'à celle du philosophe anglais que sa modestie lui faisait regarder comme son maître? A qui apprendrai-je que, comblé d'honneurs par le roi de France, il fut appelé chez nous par le Roi; que c'est sous sa direction que notre Académie, longtemps languissante, a repris une nouvelle vie?

Est-ce à moi d'instruire le public (déjà tout instruit) que M. de