<67>« Ci-gît, passant, l'auteur de maint volume,
Mort de frayeur d'avoir été mortel. »
Ah! qu'un héros, dans une tragédie,
En cent périls se puisse embarrasser,
Qu'à tout moment on tremble pour sa vie,
C'est là la règle, il doit intéresser.
Mais vous, marquis, qui savez qu'on vous aime,
Comment, pourquoi, par quel travers extrême
De vos dangers nous faut-il menacer?
Là, près de vous, poudreuse de l'école,
Ne vois-je pas l'insolente hyperbole,
Aux yeux taillés en deux tubes parfaits,
Amplifier, grossir tous les objets?
Elle gangrène une faible piqûre,
Ou par malheur si sur votre encolure
Dans le miroir vos regards inquiets
Ont le soupçon d'une légère enflure,
Elle prédit votre prochain décès;
Et quand Éole en vos boyaux murmure,
Vous supposez qu'il va dans les forêts
Pour vous cueillir de funèbres cyprès.
Chassez, marquis, ce monstre qui m'outrage,
Qu'il n'entre plus dans le palais d'un sage;
Je hais l'erreur, je hais la fausseté,
Des fictions le frivole étalage
Qui défigure et perd la vérité.
Ne pensez plus à tous ces noirs fantômes,
Ne craignez plus la mort, ni ses symptômes,
Qui jusqu'ici de vos plus heureux jours
Ont sans relâche empoisonné le cours;
Et que mon bras à jamais vous délivre
De ces frayeurs qui troublent votre sort.
Pensez-y bien : vous négligez de vivre
Par la terreur que vous donne la mort;
En attendant, le temps fuit et s'envole.
Déchirez-moi ce vilain protocole
Que vous tenez et de votre urinai,