<9>Des arguments ennuyeux à mourir,
Sa chère épouse à travers vient glapir,
Et minaudant croit réveiller la joie;
Au lieu du dieu libertin du plaisir,
La bonne dame, induite par le diable,
Au lourd ennui donne la primauté,
Qui force enfin, par importunité,
Tous ces bâilleurs à se lever de table.
Aux violons alors on a recours,
La joie enfin régnera dans ce jour;
Aux menuets, aux graves polonaises
Vont succéder frétillantes anglaises.
Tous ces muets dansent sans se parler,
Les spectateurs disent, par bienséance,
Quelques douceurs avec tant d'indolence,
Que cet amour de froid paraît geler;
L'oisiveté, qui regarde la danse,
Rit souvent haut, sans trop savoir pourquoi.
Le jour paraît; avec indifférence,
Mais sans regret, on retourne chez soi,
En se flattant de faire accroire aux autres
Qu'on s'est au bal diverti comme un roi.
Ces plaisirs-là, mon frère, sont les vôtres;
Leur carillon n'a plus d'appas pour moi.
Société douce et bien assortie,
Bien moins nombreuse et d'autant mieux choisie,
Délassements innocents de l'esprit,
Propos légers qui sur mille matières,
En voltigeant, répandent des lumières,
Où sans éclat, mais à propos on rit,
Sans que jamais des langues meurtrières,
Pleines de fiel, rendent à leurs manières
Quelques bons mots, qu'en plaisantant on dit,
Poussera-t-on l'injure et le scandale
A préférer à ce goût qui périt
Le faux clinquant, l'ennui dont se bouffit
Votre stupide et bruyante rivale?