<49>L'un brille d'un plus vif éclat,
Il en est l'ornement, le lustre,
Du Pinde il a le consulat;
Comme un cèdre qui se redresse
Lève sur la forêt épaisse
Son front superbe et sourcilleux,
De même ce moderne Homère,
Au-dessus du savant vulgaire,
Semble porter son vol aux cieux.
Plus loin, aux bords de l'Hippocrène,
On voit l'amant de Melpomène,a
Son Catilina dans les mains,
Faisant haranguer sur la scène
Le Démosthène des Romains.
Là, prenant une autre tournure,
Chiche de mots, mais plein de sens.
Usbek crayonne à ses Persansb
De nos mœurs la folle peinture;
Et plus loin, sur un flageolet,
Un héroïque perroquet...c
Mais quels sont ces cris d'allégresse,
Ces chants, ces acclamations?
Le Français, plein de son ivresse,
Semble vainqueur des nations;
Il l'est, et voilà que s'avance
La pompe du jeune Louis.a
L'Anglais a perdu sa balance,
L'Autrichien, son insolence,
Et le Batave encor surpris,
En grondant, bénit la clémence
De ce héros, dont l'indulgence
Pardonne après l'avoir soumis.


a Crébillon père, qui fit représenter sa tragédie de Catilina en 1748.

b Montesquieu, Lettres persanes. 1721.

c Gresset, Vert-Vert. 1734.

a Le Roi fait allusion aux victoires et aux conquêtes des Français depuis 1745 jusqu'à la paix d'Aix-la-Chapelle. Voyez t. III, p. 105-112, et t. IV, p. 13-17.