<48>Le monde prétend qu'il doit être
D'un jugement net et certain. »
Le feu lui montant au visage,
Elle sent d'autant plus l'outrage
Que vous faites à ses attraits.
L'autre répond, pleine de rage :
C'est que c'est un mauvais Français.
Bientôt un nouveau flux de monde
Vous entraîne vers ce séjour
Où de la nature profonde
L'art à tâtons suit le détour.
Dans cet aréopage auguste,
On distingue ce vieux Nestor,
Reste chéri de l'âge d'or,
Dont l'esprit gai, profond et juste
Semble triompher de la mort.a
Là sont protégés d'Uranie
Et les Clairauts et les Mairans,
Votre émule de Laponie,b
Et tant d'autres, tous vrais savants.
De là vous vous rendez au temple
Qu'Armand fonda, tant pour son nom
Que pour le culte d'Apollon,
Où l'étranger ravi contemple
Tous les dieux de votre Hélicon :
Quarante bouches éloquentes,
Quarante plumes triomphantes
Y portent des coups foudroyants
Aux solécismes renaissants.
Dans cette compagnie illustre,


a Le Roi veut probablement parler de Fontenelle. Voyez t. II, p. 42; t. VII, p. 6; t. VIII, p. 55; et t. X, p. 235.

b Maupertuis, Clairaut, Camus, Le Monnier et l'abbé Outhier allèrent à Tornéa, en 1736, mesurer un degré du méridien. Ce fut dans le même but que Godin, Bouguer et La Conda-mine s'embarquèrent à La Rochelle pour Quito, le 16 mai 1735.
     J.-J. Dortoüs de Mairan, de l'Académie française, né en 1678, mort en 1771.