<212>Jules César, que des langues obscènes
Disaient mari de toutes les Romaines,
Quand il était la femme des maris.a
Mais feuilletez un moment Suétone,
Et des Césars voyez comme il raisonne.
Sur ce registre ils étaient tous inscrits;
Ils servaient tous le beau dieu de Lampsaque.
Si le profane enfin ne vous suffit,
Par le sacré dirigeons notre attaque :
Ce bon .. que pensez-vous qu'il fît,
Pour que .. le couchât sur son lit?
Sentez-vous pas qu'il fut son Ganymède?
Pour renchérir sur tout ce qu'on a dit,
J'appellerai dom Sanchez à mon aide;
Lisez-moi bien l'article vingt et neuf
De son divin Traité du mariage;b
Vous y verrez que votre esprit tout neuf
Doit de ses mœurs faire l'apprentissage.
Tous les recteurs crient : Il a raison!
Dans le moment, le grand diable sait comme,
Fondent sur moi ces brandons de Sodome;
Et pour avoir la paix dans la maison,
Nécessité fut de n'être sévère.
Je devins donc leur malheureux plastron,
Et lorsqu'en rut se sentait quelque père,
J'étais, hélas! sa monture ordinaire.
Ainsi voyez que mon cœur vertueux
Fut malgré lui plongé dans cet abîme.
Oui, le destin, dans ce monde orageux,
A la vertu nous force, comme au crime.
Je ne pus donc éviter mon destin;
Mais excédé du rôle féminin,
Je désertai de l'école d'Ignace,


a Voyez t. II, p. 3, et t. X, p. 5.

b R. Patris Thomae Sanchez Cordubensis, e societate Jesu, De sancto matrimonii sacramento disputationum tomi tres. T. I. Genuae, 1602, in-fol.; t. II et III. Venet., 1606, in-fol. C'est la première édition.