<268>Qui dans Londres combat au bruit de la trompette,
Admiré par le peuple, applaudi par des sots,b
Et de ses bras nerveux terrassant ses rivaux;
Quand vous ressembleriez à ces fils de la Terre,
A ces rivaux des dieux, qui leur firent la guerre,
Qui, pour braver l'Olympe, en leur rébellion
Soulevèrent l'Ossa sur le mont Pélion;
Quand du dieu des combats vous auriez le courage,
Ne vous attendez point à gagner mon suffrage :
Taille, force, valeur, tout est insuffisant,
Minerve exige plus d'un général prudent.
Il faut que son esprit, guidé par la sagesse,
Soit vif sans s'égarer et prudent sans faiblesse;
Qu'il agisse à propos, que, maître des soldats,
Il les fasse mouvoir dans l'horreur des combats;
Au désordre à l'instant qu'il porte un prompt remède,
Et ranime le corps qui s'épuise ou qui cède;
Qu'en guerrier prévoyant il prépare de loin
Tous les secours divers dont l'armée a besoin;
Qu'en ressources fécond, toujours infatigable,
Par sa faute jamais le destin ne l'accable.
Formez-vous donc l'esprit, surtout le jugement,
Attendez tout de vous, rien de l'événement;
Soyez lent au conseil, c'est là qu'on délibère;
Mais lorsqu'il faut agir, paraissez téméraire,
Et n'engagez jamais sans de fortes raisons
Ces combats où la mort fait d'affreuses moissons.
Les forces de l'État sont dans votre puissance,a
Des soldats généreux vous guidez la vaillance;
Prompts pour exécuter l'ordre du général,
Ils volent aux dangers dès le premier signal;
Dès que vous commandez, leur cohorte aguerrie
Fond sur vos ennemis, comme un tigre en furie
Tombe sur un lion, lui déchire le flanc,
Le terrasse, l'abat, s'abreuve de son sang.


b Par les sots. (Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 430.)

a En votre puissance. (Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 432.)