<72>bach à Liegnitz, pour diriger de là sa marche sur Parchwitz. Dès que les ombres parurent, l'armée se mit en mouvement; on amena en marche au Roi un officier déserteur des Autrichiens, Irlandais de nation; il était si plein de vin, qu'il ne pouvait dire qu'en balbutiant qu'il avait un secret d'importance à révéler. Après lui avoir fait avaler quelques mesures d'eau tiède, et après quelques évacuations, il dit ce qu'on avait deviné d'avance, que le maréchal Daun voulait ce jour même attaquer le Roi. Mais les Prussiens n'avaient rien à redouter; ils transportaient le lieu de la scène, et par conséquent ils dérangeaient toutes les dispositions de l'ennemi, faites sur le local du terrain qu'on venait de quitter.

Dès que le Roi eut atteint les hauteurs de Pfaffendorf, il envoya M. de Hundta faire une reconnaissance du côté de Bienowitz et de Polnisch-Schildern. Pendant ce temps-là, l'armée se mit en bataille sur le terrain qui lui avait été assigné. M. de Hundt revint bien vite; il apprit au Roi qu'il avait donné dans deux colonnes d'infanterie et dans deux colonnes de cavalerie de M. Loudon, qui était en pleine marche, et que, comme il était peu éloigné, il n'y avait pas un moment à perdre pour s'opposer à lui. Le Roi partagea sur cela son armée en deux corps : sa droite, aux ordres de MM. de Zieten et de Wedell, demeura immobile sur le terrain où elle s'était formée; elle dressa des batteries en hâte pour enfiler les deux chemins de Liegnitz, les seuls par lesquels le maréchal Daun pouvait déboucher pour venir à elle. Le Roi fit en même temps changer de position à sa gauche; il la forma, la droite vers la Katzbach et la gauche vers un étang. Tout ce corps ne faisait que seize bataillons et trente escadrons. Dans le temps que l'infanterie prenait cette direction, la cavalerie, qu'on avait poussée en avant pour la couvrir, était en pleine escarmouche avec l'ennemi; cela dura jusqu'à ce qu'on eût établi une grosse batterie sur


a Hermann-Joachim-Gottlieb de Hundt, major au régiment des hussards de Zieten, fut tué au combat de Plauen, le 5 avril 1761, à l'âge de trente-six ans.