<71>ments. Il ne pouvait plus tenir auprès de Liegnitz, à cause que sa droite n'était pas assez bien appuyée à Schimmelwitz, et qu'il ne pouvait pas empêcher qu'on ne la tournât. Il fallait donc repasser la Katzbach à Liegnitz, envoyer le charriage inutile à Glogau, en tirer des vivres, marcher à Parchwitz pour pousser en deçà ou au delà de l'Oder, afin de gagner d'une façon ou de l'autre l'armée du prince Henri, à laquelle il fallait se joindre nécessairement, parce que ces deux corps, étant séparés, se trouvaient chacun trop faible pour s'opposer aux Autrichiens et aux Russes, et qu'on risquait à la longue, en les laissant ainsi, de les voir écraser tous les deux, et alors les affaires étaient perdues sans ressource.

Deux ennemis qui se font la guerre quelques années de suite, acquièrent une si parfaite intelligence de leur façon de penser, d'agir et d'entreprendre, qu'ils devinent mutuellement les desseins qu'ils peuvent former. Celui des Autrichiens était alors positivement d'attaquer le Roi; on pouvait juger, par la position des corps de l'ennemi, que M. de Lacy était destiné à tourner la droite des Prussiens, que le maréchal Daun se serait présenté sur leur front, et que M. Loudon aurait probablement occupé les hauteurs de Pfaffendorf, derrière Liegnitz, pour leur couper le chemin de Glogau et la retraite. Ces considérations firent résoudre qu'on abandonnerait le camp de Liegnitz le même soir, et à repasser la Katzbach, selon le projet que nous avons rapporté plus haut. Cette manœuvre ne pouvait s'exécuter de jour, à cause de la proximité du camp autrichien. L'ennemi n'aurait pas manqué d'engager une affaire d'arrière-garde, qui aurait tourné d'une manière désavantageuse pour les Prussiens, parce que le terrain de leur droite dominait celui de leur gauche, par lequel il fallait qu'ils se retirassent. On fit partir tout le bagage sous l'escorte de deux bataillons francs et de cent chevaux, qui le conduisirent heureusement à Glograu. Le Roi fut reconnaître avec ses généraux la hauteur de Pfaffendorf; il voulait y former son armée après avoir passé la Katz-