<229> de la cour de Vienne contenue dans la lettre impertinente de M. Loudon. La raison la plus solide, et qu'on dissimulait, était que c'aurait été commettre une faute capitale que de laisser sortir dix mille hommes d'une place qu'on allait prendre en se donnant un peu de patience, parce que, si l'on rendait cette garnison aux Impériaux, leur armée se trouverait de dix mille hommes plus forte, et celle du Roi, affaiblie au moins par quatre mille hommes qu'il fallait mettre en garnison dans cette place; ce qui rendait en tout l'armée prussienne de quatorze mille hommes inférieure à celle de l'ennemi. On rompit cette négociation, et le siége continua d'aller son train ordinaire.

Le Roi s'y rendit en personne le 20 de septembre, pour que les opérations se poussassent avec plus de vigueur. Lefebvre faisait de la part des Prussiens les fonctions d'ingénieur en chef; il avait en tête un des premiers ingénieurs du temps, nommé Gribeauval, qui défendait la place. Lefebvre voulut crever les mines des assiégés, en faisant usage de la nouvelle invention du globe de compression. Gribeauval lui en éventa deux; cela lui fit perdre la tramontane, et le Roi fut obligé de se mêler du détail du siége et de la direction des travaux. On prolongea aussitôt la troisième parallèle; on y plaça une batterie à brèche; on établit des ricochets à la tuilerie; l'on fit encore une autre batterie sur le Kuhberg, qui battait les ouvrages attaqués à revers; on fit sauter quelques rameaux des mines des assiégés. La garnison fit deux sorties, et délogea les Prussiens d'un entonnoir couronné d'où ils voulaient déboucher par de nouveaux rameaux. Ces chicanes prolongèrent la durée du siége, parce qu'il fallait faire une guerre souterraine. Toutefois la plupart des canons de la place étaient, ou évasés, ou démontés; les vivres commençaient à devenir rares, et l'ennemi se serait rendu par inanition, si une bombe, en tombant devant le magasin à poudre du fort de Jauernick, dont le hasard voulut que la porte fût ouverte, n'eût mis le feu aux poudres, et bouleversé une partie du fort, outre que trois cents grenadiers des en-