<209> de monde, et qu'on ne saurait les tourner. Le maréchal Daun y avait envoyé de Wartha M. de Hadik avec dix mille hommes de secours. Puisque ces montagnes, que l'ennemi tenait, le mettaient hors d'atteinte, M. de Wied dirigea sa marche sur Trautenau; de là il lâcha en Bohême tous ses Cosaques, soutenus de quelques dragons. Ces barbares se répandirent dans tout ce royaume, y semant l'épouvante. Dès le second jour de leur entrée, une de leurs troupes se présenta aux portes de Prague. La terreur que leur présence inspira, fut si terrible, que M. de Serbelloni fut sur le point de quitter la Saxe avec son armée, pour s'opposer en personne aux désordres que les Cosaques commettaient. Il est vrai que leurs procédés étaient cruels : ils saccageaient, pillaient, brûlaient les lieux qu'ils trouvaient sur leur passage.

Cette irruption n'aurait pas été infructueuse, si on avait pu la prolonger. Mais, d'une part, ces troupes indisciplinables ne s'occupaient qu'à faire du butin et à le mettre en sûreté; d'où il arrivait que, revenant par bandes, sans ordre de leur conducteur, elles sauvaient leur capture pour la vendre en Pologne, de sorte qu'au bout de huit jours la Bohême se vit délivrée sans coup férir de cette engeance détestable. On aurait pu les employer à une seconde incursion, si, d'autre part, les affaires n'avaient subitement changé de face. M. de Wied, qui couvrit leur retraite, assurait en même temps sa communication avec la grande armée. Ses détachements, distribués par échelons, gardaient les gorges des montagnes. M. de Gabelentz gardait derrière lui le défilé de Schatzlar; le prince de Bernbourg,a plus proche de l'armée, gardait celui de Liebau, d'où il communiquait à Conradswaldau avec M. de Salenmon,b qui y tenait un poste intermédiaire. Tous ces déta-


a François-Adolphe prince d'Anhalt-Bernbourg, né en 1724, devint, le 24 février 1759, général-major et chef du régiment d'infanterie no 3. Voyez ci-dessus, p. 62 et 70.

b Constantin-Nathanaël de Salenmon, lieutenant-colonel et chef d'un bataillon franc depuis le 30 janvier 1758, devint général-major le 5 mars 1760, sans avoir passé par le grade de colonel. Voyez ci-dessus, p. 88.