<189> Schweidnitz, et, après avoir terminé ce siége, renforcer l'armée de S. A. R. le prince Henri, pour qu'elle pût tenter tous les moyens pour reprendre Dresde. Mais ces projets furent changés depuis, à cause du traité d'alliance qui se conclut avec la Russie.

On pensa, dès le 15 de mars, à rapprocher les divers corps qui devaient composer l'armée : pour cet effet, M. de Schenckendorff quitta la Saxe, et releva MM. de Schmettau et de Thadden à Guben; il fut suivi par le corps de Platen, qui alors se trouvait aux ordres de M. de Krockow. Tous ces détachements arrivèrent successivement à Breslau, savoir : MM. de Schmettau, de Thadden, de Zeuner, le 15 d'avril; M. de Krockow avec vingt-cinq bataillons et trente-cinq escadrons, le 6 de mai; et M. de Lossow,a qui avait couvert la Haute-Silésie contre les Cosaques, releva avec ses hussards et Bosniaques M. de Dalwig à Canth; le prince de Würtemberg joignit l'armée le 12 de mai avec cinq bataillons et six escadrons.

Il paraîtra surprenant sans doute que les Autrichiens aient souffert avec tant de flegme et de sang-froid la jonction de tous ces corps prussiens, sans y apporter le moindre obstacle; mais leur consternation et leur découragement étaient prodigieux, tant à cause de la défection des Russes, sur lesquels ils avaient beaucoup compté, que de la réduction de leurs troupes, que la cour de Vienne avait faite si fort à contre-temps durant l'hiver. Outre cela, une espèce de lèpre, qui régnait dans leur armée, mettait la moitié de leurs régiments hors de combat. Les officiers, en leur particulier, regardaient les affaires comme perdues; d'ailleurs, le commandement de l'armée de Silésie avait été conféré au maréchal Daun, et M. de Loudon, se trouvant sur le point de lui remettre l'armée, ne témoignait pas d'empressement


a Daniel-Frédéric de Lossow, né dans la Nouvelle-Marche en 1722, devint en 1709 lieutenant-colonel dans le régiment des hussards noirs, no 5, dont il ne tarda pas à être nommé commandeur (t. IV, p. 209); en 1761, il fut fait colonel, et le 9 mai 1762, chef du même régiment et du corps des Bosniaques.