<156> que M. de Lacy venait de faire, avait pour but de joindre son corps avec les Russes, ou de l'employer à quelque nouvelle incursion dans la Marche électorale. Il n'était pas possible que le Prince s'opposât à tant de choses à la fois; il se contenta d'envoyer M. de Röella avec une troupe de hussards à Torgau pour observer de là les mouvements de M. de Lacy et en faire son rapport. S. A. R., pour se mettre en état de prévenir les desseins de l'ennemi sur la capitale, fit cantonner une partie de ses troupes entre Strehla et Limbach, par où elle gagna une marche d'avance, en cas qu'il fallût penser à couvrir Berlin. Ces troupes, cachées au maréchal Daun, pouvaient servira faire à la dérobée des détachements dont il était bien difficile que l'ennemi fût instruit. L'occasion ne tarda pas à s'en présenter. M. de Kleefeld avec un corps des cercles s'était avancé à Penig. Le Prince envoya M. de Kleist pour l'obliger à quitter ce poste. A peine fut-il chassé, qu'il revint, pour se faire expédier la seconde fois comme la première.

Dans ces temps, le Roi était si occupé avec les Autrichiens et les Russes, qu'à peine avec toutes ses troupes pouvait-il se soutenir contre la supériorité de ses ennemis. Le prince son frère crut que M. de Belling avait besoin de secours pour s'opposer avec plus de succès aux entreprises que les Suédois pouvaient former encore. Il était le seul qui pût y faire passer des troupes, parce que jusqu'alors le maréchal Daun se tenait tranquille. Le prince fit donc partir M. de Stutterheim le cadet avec quatre bataillons pour joindre M. de Belling, et nous venons de voir l'usage qu'il fit de ces troupes. La raison principale qui détermina S. A. R. à faire ce détachement, était d'avoir des troupes à portée de défendre la capitale, si cela était nécessaire, contre les incursions de quelques petits corps, parce que


a Christophe-Maurice de Röell, colonel et commandeur du régiment des hussards de Malachowski, no 7, se retira du service le 5 décembre 1763, avec le grade de général-major. Il était frère de celui dont il a été fait mention t. III, p. 182.