<132> Le prince de Bevern suivit à Liebenau M. de Königsegg, où un défilé impraticable, derrière lequel ce général avait formé son monde, l'empêcha de tenter de nouvelles entreprises.

De ce côté, les Prussiens n'auraient pu pénétrer plus avant en Bohême, si le maréchal de Schwerin en survenant ne les eût secondés à propos. L'armée de Silésie fut la première qui entra en Bohême, le 18 d'avril; elle déboucha dans ce royaume par cinq différents chemins : une de ces colonnes qui se dirigeait sur Schatzlar, pensa y surprendre les princes de Saxe, qui s'y trouvaient; celle qui prenait la route de Golden-Oelse, rencontra trois cents pandours qui d'un rocher escarpé défendaient le passage aux Prussiens : M. de Winterfeldt trouva le moyen de faire gravir sur ces rocs quelques troupes qui prirent ces pandours à revers et les passèrent au fil de l'épée; les trois autres colonnes, qui débouchèrent par le comté de Glatz, n'ayant point rencontré d'ennemis sur leur chemin, joignirent toutes le maréchal de Schwerin à Königinhof. Ce maréchal, ayant des nouvelles de ce qui s'était passé du côté du prince de Bevern, se porta à dos de M. de Königsegg, qu'il pensa surprendre dans son camp de Liebenau; les Autrichiens décampèrent en hâte, et voulurent diriger leur marche sur Jung-Bunzlau; M. de Schwerin les y prévint encore, et il s'empara en même temps du magasin considérable que les ennemis avaient formé à Kosmanos. Ce fut à cet endroit que le corps de la Lusace joignit l'armée de la Silésie.

Cependant M. de Königsegg s'avançait à grandes journées vers Prague; le maréchal le suivit à Bénatek, d'où il détacha, pour talonner l'ennemi de plus près, M. de Wartenberg, qui défit près d'Alt-Bunzlau l'arrière-garde autrichienne, forte de quinze cents hommes, dont le plus grand nombre fut tué ou pris. Ce brave général, un des meilleurs officiers de cavalerie de l'armée, y perdit la vie,a et fut universelle-


a Le a mai. Hartwig-Charles de Wartenberg était général-major et chef du régiment de hussards no 3 de la Stammliste de 1806. Voyez t. III. p. 115.