<133>ment regretté. M. de Fouqué marcha sur cela avec l'avant-garde du maréchal à Bunzlau, et il s'y arrêta jusqu'au 4 de mai, pour rétablir les ponts de l'Elbe, que l'ennemi avait rompus pour assurer sa retraite. Le même jour, le maréchal fit passer la rivière à son armée, et se campa à un mille et demi de Prague.

Une partie des troupes que M. de Piccolomini avait commandées l'année précédente, n'était pas encore assemblée; le maréchal Daun en avait reçu le commandement après la mort du premier. Sur le bruit de ces différentes invasions des Prussiens, ce maréchal reçut ordre de rassembler son armée, et de la mener droit à Prague; M. de Browne l'attendait avec d'autant plus d'impatience, qu'il voyait que toutes les forces des Prussiens allaient incessamment fondre sur lui. Le Roi était instruit de la marche du maréchal Daun; son armée ne pouvait rien entreprendre contre M. de Browne, qui était couvert par la Moldau et par la ville de Prague; d'ailleurs les choses en étaient venues au point que le sort des deux armées devait nécessairement se décider par une bataille; et puisqu'on ne pouvait l'engager qu'à l'autre rive de la Moldau, le Roi résolut d'attaquer M. de Browne avant sa jonction avec M. Daun. Pour cet effet, on construisit un pont sur la Moldau près de Seltz, et le Roi le passa à la tête d'un détachement de vingt bataillons et de quarante escadrons; c'était le 5 de mai. Ce prince eut le temps de reconnaître la position des ennemis : il trouva le front de M. de Browne d'un trop difficile abord pour l'attaquer, et il s'aperçut qu'en tournant la droite des ennemis, le terrain présentait un aspect plus avantageux pour un engagement.

Le lendemain, de grand matin, les deux armées prussiennes se joignirent à la portée du canon des ennemis, et l'on résolut de les attaquer tout de suite. La gauche des Autrichiens s'appuyait sur la montagne de Ziska, et se trouvait protégée par les ouvrages de Prague; un ravin de plus de cent pieds de profondeur couvrait son front; la droite se terminait sur une hauteur au pied de laquelle se