<149> et y laissant un détachement de vingt mille hommes, doit passer l'Elbe pour pénétrer par la Lusace. C'est à cette armée à décider de la campagne. Les chemins de Schluckenau, de Rumbourg et de Gabel seront sans doute retranchés et garnis de troupes ennemies. On ne saurait brusquer ces postes de front; il faut donc les tourner, et cela, par la Silésie. Voilà pourquoi ce détachement dont j'ai parlé doit se porter à Greiffenberg en même temps que l'armée arrive dans les environs de Zittau. Il y a un chemin, de ce côté-là, qui traverse les montagnes; c'est une chose qu'il faut réparer, mais par laquelle on gagne les derrières de Gabel, ce qui fraye la roule de la Bohème pour l'armée qui pénètre du côté de Zittau. Voilà donc l'armée prussienne en Bohême; il faut qu'elle joigne ce corps, et qu'alors tout de suite elle prenne à revers la tête de pont de Leitmeritz, pour y transporter de Dresde ses farines. Voilà donc une boulangerie établie. Les vingt mille hommes demeurés à Dresde prennent alors le camp près de Leitmeritz. L'on n'a guère besoin de laisser beaucoup de troupes à Zittau; car il faut, s'il se peut, entamer le corps autrichien qui a défendu cette frontière, pour le mettre en combustion, et l'armée doit s'avancer, avec quelques magasins transportés par l'Elbe, du côté de Melnik. Dès qu'on a du pain en avance, commencent les véritables opérations de guerre, qui doivent être dirigées du côté de Gitschin. Ce mouvement suffit pour contraindre l'armée impériale à quitter son camp de l'Elbe; mais c'est aussi le moment où l'armée de Silésie doit être la plus alerte pour suivre incessamment l'ennemi, passer l'Elbe promptement à sa suite et le talonner, de façon que, au lieu de marcher contre l'armée de Saxe, où il se trouverait entre deux grandes armées, cela l'oblige de prendre sa retraite vers Pardubitz, derrière les étangs de Bohdanetz. Dès lors, si on le juge à propos, Prague peut être pris par un coup de main, à moins que l'armée d'Éger ne se hâte pour nous prévenir. Mais dès lors, en laissant trente mille hommes en Bohême, le reste de l'armée