<21> pain et de biscuit avec soi. Le biscuit est admirable, mais nos soldats le mangent en soupes, et ne savent pas s'en servir. Quand on marche dans le pays ennemi, on dépose son amas de farine dans une ville voisine de l'armée, que l'on garnit de troupes. Nous avons eu notre farine, l'année 1745, en Bohême, à Neustadt, puis à Jaromircz, et, sur la fin de la campagne, à Trautenau. Si nous étions avancés davantage, nous n'aurions pu faire de dépôt solide qu'à Pardubitz. J'ai fait construire pour chaque compagnie un moulin de main qui sera d'un grand usage. On trouve du blé partout. Au moyen de ces moulins,a on le fera moudre par les soldats, qui livreront cette farine au commissariat, et recevront à sa place du pain tout fait. Cette farine, mêlée à portion égale avec la farine royale, ménagera les magasins, et nous fera subsister plus longtemps que nous avons fait dans le même camp, et nous épargnera beaucoup de convois.

Comme j'en suis aux convois, je vais ajouter tout ce qui regarde cette matière. On fait les escortes plus ou moins nombreuses, à proportion des ennemis que l'on a à craindre, et de la quantité de chariots qu'il faut escorter. On garnit les villes où le convoi passe d'infanterie, pour lui procurer des points d'appui; on fait souvent même, comme nous l'avons pratiqué en Bohême, de gros détachements pour couvrir ces convois. Dans tous les pays de chicanes, on fait consister la sûreté des convois dans l'infanterie; nous n'avons ajouté que peu de hussards, pour battre l'estrade et pour avertir l'infanterie des endroits où l'ennemi s'est embusqué. Je me suis aussi servi de l'infanterie dans les plaines préférablement à la cavalerie, parce que je m'en suis bien trouvé. Je renvoie, pour le détail de ces escortes, à mes


a Lorsque le Roi assiégeait Olmütz, il fit venir de Neisse des moulins à bras, par un ordre daté du 14 juin 1758. Voyez Léopold von Orlich, Fürst Moritz von Anhalt-Dessau, Berlin, 1842, p. 125.