<72> vous obéir il n'est rien que je ne fasse. On pourrait donc dire quelque chose de semblable :

Ci-gît un maréchal, un ministre, et, de plus,
Un grand financier, un ecclésiastique.1
Passants, qui connaissez sa fourbe politique,
Laissez dans l'oubli confondus
Et ses vices, et ses vertus.a

J'espère que cet échantillon de mes vers vous fera passer l'envie d'en avoir d'autres. C'est un amusement qui me procure de fort doux moments; mais tout ce que je puis faire ne saurait être comparé à l'ouvrage des grands poëtes; c'est un métier chez eux, ce n'est qu'un amusement pour moi.

Permettez-moi de revenir à votre santé ....

63. A LA MÊME.

Remusberg, 7 mai 1739.

Je souhaite de tout mon cœur que cette pièce vous trouve en bonne santé, et que vous soyez une bonne fois délivrée de vos infirmités. Puisque vous ne vous contentez pas de l'épitaphe de Grumbkow, il a fallu vous obéir. Si je vous ennuie, c'est par vos ordres et par obéissance. Toutefois puis-je vous assurer que ces vers-ci sont plutôt l'ouvrage du cœur que celui de l'esprit.b


1 Prévôt du dôme de Brandebourg. (Note de Frédéric.)

a Voyez t. XIV, p. 194, et t. XVII, p. 58.

b Cette pièce n'est qu'un post-scriptum ajouté à l'Épître de Frédéric à la Margrave, dont l'autographe, envoyé à cette princesse, est daté de Ruppin, 29 avril 1739. Nous avons imprimé cette Épître t. XI, p. 39-44, en y ajoutant, d'après un autographe postérieur, la date probablement inexacte de l'année 1734.