24. AU MÊME.

Potsdam, 24 juin 1748.



Mon très-cher frère,

Je suis bien aise que mon ouvrage sur la guerre vous ait fait plaisir. Vous y trouverez sans doute beaucoup de choses que vous saviez déjà, et que vos propres réflexions vous ont suggérées; mais il y a une différence de faire des réflexions qui passent et qui s'effacent de<120> la mémoire, et de rassembler en un corps celles qu'on a faites au sortir d'une guerre dont tout l'esprit est encore plein. J'ai cru que mon loisir ne pouvait pas être mieux employé qu'à faire quelque chose d'utile, et si cet ouvrage peut vous être agréable, je me croirai suffisamment récompensé. Je pars cette nuit pour Magdebourg, où les régiments entreront demain dans le camp. Je serai de retour ici dimanche, et je prendrai du repos pendant quelques jours, espérant de vous embrasser le 4 ou le 5 du mois prochain, à Berlin. Adieu, mon cher frère; je suis, etc.

Daignez faire mes compliments à ma sœur Amélie et à Henri.