<118>Les dieux sont pour César, mais Caton suit Pompée.a

Il fait en même temps l'éloge de la vertu de Caton et de la cause de Pompée. Mais, madame, où est-ce que je m'égare? Il est bien question du jugement du public, de Lucain, de Caton, de César, dans une affaire de rien qui doit s'ajuster par l'intervention de quelques commissaires! La voix publique, la renommée, etc., diront ce qu'ils voudront; s'ils ne nous approuvent pas, ils auront dit une sottise, et ce ne sera pas la première. Pardon, pardon, madame; si j'en avais le temps, je vous écrirais une lettre plus sensée. Je me confie (et peut-être un peu trop) à votre extrême indulgence, en vous priant d'ajouter foi aux sentiments d'estime et d'admiration avec lesquels je suis, etc.

60. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 1er mars 1766.



Sire,

Plus je remarque à Votre Majesté d'inquiétude sur le jugement que je puis porter de ses lettres, plus je redoute le sort de mes réponses. Si j'osais, Sire, je suivrais un peu votre comparaison. Vous êtes né sur le trône, et vous êtes un très-grand roi. Placé dans la classe commune des hommes, vous eussiez été un particulier très-aimable; je dirai plus, vous eussiez été vraiment heureux. Vous appréciez si bien, Sire, la vaine estime des humains et leur jugement bizarre, que sûrement vous avez gémi plus d'une fois de l'obligation d'y assujettir vos désirs et vos actions; et il y a bien de l'intervalle entre les douceurs


a Voyez t. XV, p. 150; t. XVI, p. 174; t. XVIII, p. 253; t. XXI, p. 186; et t. XXIII, p. 264.