<238>La veuve du pauvre cher Isaaca m'a fait part des bontés dont vous la comblez, et du petit monument qu'elle érige à son mari, le panégyriste de l'empereur Julien, de très-respectable mémoire. C'est une virtuose que cette madame Isaac; elle sait du grec et du latin, et écrit dans sa langue d'une manière qui n'est pas ordinaire.

V. M. finit sa dernière lettre par de belles maximes de morale; mais vous conseillez à un impotent de ne pas marcher trop vite. Il y a deux ans que je ne sors presque point de mon lit. Je serais tenté de vous dire comme Le Nôtreb au pape Alexandre VII : « Saint-père, donnez-moi des tentations au lieu de bénédictions. » La santé, la santé, voilà le premier des biens, dans quelque condition qu'on soit, et à quelque âge qu'on soit parvenu.

Je supplie V. M. de n'avoir plus la goutte, à moins que cela ne produise quelque nouveau poëme en six chants.

Agréez, Sire, le profond respect et l'inviolable attachement d'un pauvre vieillard qui a pis que la goutte.

448. A VOLTAIRE.

Potsdam, 1er mars 1772.

Je suis, en vérité, tout honteux des sottises que je vous envoie; mais puisque vous êtes en train d'en lire, vous en recevrez de diverses espèces : le cinquième chant de la Confédération, un discours acadé-


a Voyez ci-dessus, p. 8.

b André Le Nôtre, inventeur de l'art de dessiner les jardins d'agrément. Il naquit à Paris en 1613, et y mourut en 1700.