<342>rique ou la satire de tous ceux avec lesquels vous vivez. Voilà ce que vous prophétise, non pas Nostradamus,a mais quelqu'un qui se connaît assez en maladies, et dont la profession est de se connaître en hommes. Je travaille dans mon trou à des choses moins brillantes et moins bien faites que celles qui vous occupent, mais qui m'amusent, et cela me suffit. J'espère d'apprendre dans peu que vous êtes guéri et de bonne humeur. Adieu.

317. DE VOLTAIRE.

(1752.)

Sire, vous avez perdu plus que vous ne pensez; mais Votre Majesté ne pouvait deviner que, dans un gros livre plein d'un fatras théologique, et où l'abbé de Prades est toujours misérablement obligé de soutenir ce qu'il ne croit pas, il se trouvât un morceau d'éloquence digne de Pascal, de Cicéron et de vous.b

Lisez, je vous en supplie, Sire, seulement depuis 103 jusqu'à 105, à l'endroit marqué, et jugez si on a dit jamais rien de plus fort, et si le temps n'est pas venu de porter les derniers coups à la superstition. Ce morceau m'a paru d'abord être de d'Alembert ou de Diderot, mais il est de l'abbé Yvon. Jugez si j'avais tort de vouloir travailler avec lui à l'encyclopédie de la raison.

Comparez ces deux pages avec la misérable phrase d'écolier de rhétorique par où commence le Tombeau de la Sorbonne :c « Un vais- »


a Voyez t. XVII, p. 142.

b Il est question ici de l'Apologie de M. l'abbé de Prades. A Amsterdam, 1752, in-8. L'auteur de la première partie est l'abbé de Prades lui-même; celui de la seconde partie, dont Voltaire fait l'éloge, est l'abbé Yvon.

c Voyez Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XXXIX, p. 530-548.