<247>verrait chercher que comme un souverain. Mais si vous me connaissiez, et si vous aviez pour moi une vraie bonté, j'irais me mettre à vos pieds à Pékin. Je suis sensible, Sire, et je ne suis que cela. J'ai peut-être deux jours à vivre, je les passerai à vous admirer, mais à déplorer l'injustice que vous faites à une âme qui était si dévouée à la vôtre, et qui vous aime toujours comme M. de Fénelon aimait Dieu, pour lui-même. Il ne faut pas que Dieu rebute celui qui lui offre un encens si rare.

Croyez encore, s'il vous plaît, que je n'ai pas besoin de petites vanités, et que je ne cherchais que vous seul.

246. DU MÊME.

Paris, 10 novembre 1749.

Sire, j'ai reçu, presque à la fois, trois lettres de Votre Majesté; l'une du 10 septembre, venue par Francfort, adressée de Francfort à Lunéville, renvoyée à Paris, à Cirey, à Lunéville, et enfin à Paris, pendant que j'étais à la campagne, dans la plus profonde retraite. Les deux autres me parvinrent avant-hier, par la voie de M. Chambrier, qui est encore, je crois, à Fontainebleau.

Hélas! Sire, si la première de ces lettres avait pu me parvenir, dans l'excès de ma douleur, au temps où je devrais l'avoir reçue, je n'aurais quitté que pour vous cette funeste Lorraine; je serais parti pour me jeter à vos pieds; je serais venu me cacher dans un petit coin de Potsdam ou de Sans-Souci : tout mourant que j'étais, j'aurais assurément fait ce voyage; j'aurais retrouvé des forces. J'aurais même