<138> mène à Paris, dont vous faites tant l'éloge, qui a perdu la réputation de vos troupes et de vos généraux.

Surtout, en écoutant ces tristes aventures,
Pardonnez, cher Voltaire, à des vérités dures
Qu'un autre aurait pu taire ou saurait mieux voiler,
Mais que ma bouche enfin ne peut dissimuler,a

Adieu, cher Voltaire; écrivez-moi souvent, et surtout envoyez-moi vos ouvrages et la Pucelle. J'ai tant d'affaires, que ma lettre se sent un peu du style laconique. Elle vous ennuiera moins, si je n'en ai pas déjà trop dit.

197. DE VOLTAIRE.

(Paris, décembre 1742.)



Sire,

J'ai reçu votre lettre aimable,
Et vos vers fins et délicats,
Pour prix de l'énorme fatras
Dont, moi pédant, je vous accable.
C'est ainsi qu'un franc discoureur,
Croyant captiver le suffrage
De quelque esprit supérieur,
En de longs arguments s'engage.
L'homme d'esprit, par un bon mot,
Répond à tout ce verbiage,
Et le discoureur n'est qu'un sot.

Votre Humanité est plus adorable que jamais; il n'y a plus moyen de vous dire toujours Votre Majesté. Cela est bon pour des princes


a Voyez t. XXI, p. 318.