<133> Calvin et du pape en avaient usé de même, il n'y aurait eu que du plaisir à vivre avec ces gens-là.

Il n'y a plus guère de querelles fanatiques qu'en France. Le janséniste et le moliniste y entretiennent une discorde qui pourrait bien devenir sérieuse, parce qu'on traite ces chimères sérieusement.

Le prince n'a qu'à s'en moquer, et les peuples en riront; mais les princes qui ont des confesseurs sont rarement des rois philosophes.

J'envoie à V. M. une petite cargaison d'impertinences humaines qui seront une nouvelle preuve de la grande supériorité du siècle de Frédéric sur les siècles de tant d'empereurs; mais, Sire, toutes ces preuves-là n'approchent point de celles que vous en donnez.

J'ai ouï dire que, tout général que vous êtes d'une armée de cent cinquante mille hommes, V. M. se fait représenter paisiblement des comédies dans son palais. La troupe qui a joué devant elle n'est pas probablement comme ses troupes guerrières; elle n'est pas, je crois, la première de l'Europe.

Je pense avoir trouvé un jeune homme d'esprit et de mérite, qui fait fort joliment des vers, et qui sera très-capable de servir aux plaisirs de mon héros, de conduire ses comédiens, et d'amuser celui qui peut tenir la balance entre les princes de ce monde. Je compte être dans quinze jours à Paris, et alors j'en donnerai des nouvelles plus positives à V. M.

J'espère aussi lui envoyer deux ou trois siècles de plus; mais il me faut autant de livres que vous avez de soldats, et ce n'est guère qu'à Paris que je pourrai trouver tous ces immenses recueils dont je tire quelques gouttes d'élixir.

Je me flatte qu'à présent V. M. jouit de la belle collection du cardinal de Polignac.

Roi très-sage, voilà donc comme
Vous avez pour vingt mille écus
Tout le salon de Marius!