<61> besoin de tant de précautions? Est-ce que vos compatriotes seront les seuls à vous dénier la gloire qui vous est due? Sortez de cette ingrate patrie, et venez dans un pays où vous serez adoré. Que vos talents trouvent un jour dans cette nouvelle Athènes leur rémunérateur.

Amène dans ces lieux la foule des beaux-arts,
Fais-nous part du trésor de ta philosophie.
Des peuples de savants suivront tes étendards;
Eclaire-les du feu de ton puissant génie.
Les myrtes, les lauriers, soignés dans ce canton,
Attendent que, cueillis par les mains d'Émilie,
Ils servent quelque jour à te ceindre le front.
J'en vois crever Rousseau de fureur et d'envie.

Je viens de recevoir l'Enfant prodigue. II est plein de beaux endroits; il n'y manque que la dernière main.

Vos lettres me font un plaisir infini; mais je vous avoue que je leur préférerais de beaucoup la satisfaction de m'entretenir avec vous, et de vous assurer de vive voix de la plus parfaite estime avec laquelle je suis à jamais, monsieur, etc.

18. DE VOLTAIRE.

(Cirey) 17 avril 1787.

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Voilà, monseigneur, les réflexions que vous m'avez ordonné de faire sur cette odea dont V. A. R. a daigné embellir la poésie française. Souffrez que je vous dise encore combien je suis étonné de l'honneur


a L'Ode sur L'Oubli. Voyez ci-dessus, p. 39.