<41> justice comme au plus grand homme de France, et comme à un mortel qui fait honneur à la parole.

Si jamais je vais en France, la première chose que je demanderai, ce sera : Où est M. de Voltaire? Le Roi, sa cour, Paris, Versailles, ni le sexe, ni les plaisirs, n'auront part à mon voyage; ce sera vous seul. Souffrez que je vous livre encore un assaut au sujet du poëme de la Pucelle. Si vous avez assez de confiance en moi pour me croire incapable de trahir un homme que j'estime, si vous me croyez honnête homme, vous ne me le refuserez pas. Ce caractère m'est trop précieux pour le violer de ma vie, et ceux qui me connaissent savent que je ne suis ni indiscret ni imprudent.

Continuez, monsieur, à éclairer le monde. Le flambeau de la vérité ne pouvait être confié en de meilleures mains. Je vous admirerai de loin, ne renonçant cependant pas à la satisfaction de vous voir un jour. Vous me l'avez promis, et je me réserve de vous en faire ressouvenir à temps.

Comptez, monsieur, sur mon estime; je ne la donne pas légèrement, et je ne la retire pas de même. Ce sont les sentiments avec lesquels je suis à jamais, monsieur, etc.

13. DE VOLTAIRE.

(Amsterdam, février 1737.)

Monseigneur, je ne sais par où commencer; je suis enivré de plaisir, de surprise, de reconnaissance :

Pollio et ipse facit nova carmina : pascite taurum.a


a Virgile, Bucoliques, églogue III, v. 86.