<256> Châtelet vient d'envoyer un homme sur les lieux; c'est un avocat de Lorraine.

Si l'affaire pouvait tourner comme je le souhaite, il ne serait pas difficile de déterminer M. le marquis du Châtelet à faire un petit voyage. Enfin j'ose entrevoir que je pourrais, avec toutes les bienséances possibles, dussent les gazettes en parler, venir me jeter aux pieds de V. A. R., et voir enfin ce que j'admire.

J'espère que votre autre sujet, M. Thieriot, va venir pour quelques jours dans votre château de Cirey. C'est alors que votre culte y sera parfaitement établi, et que nous chanterons des hymnes que le cœur aura dictés.

Je suis avec le plus profond respect, et cette tendre reconnaissance qui augmente tous les jours, etc.

63. A VOLTAIRE.

Remusberg, 11 septembre 1738.

Mon cher ami, un voyage assez long, assez fatigant, rempli de mille incidents, de beaucoup d'occupations, et encore plus de dissipations, m'a empêché de répondre à votre lettre du 5 d'août, que je n'ai reçue qu'à Berlin, le 3 de ce mois. Il ne faut pas être moins éloquent que vous pour défendre et pour pallier, aussi bien que vous le faites, la conduite de votre ministère dans l'affaire de la Pologne. Vous rendriez un service signalé à votre patrie, si vous pouviez venir à bout de convaincre l'Europe que les intentions de la France ont toujours été conformes au manifeste de l'année 1733; mais vous ne sauriez croire à quel point on est prévenu contre la politique gauloise, et vous savez trop ce que c'est que la prévention.