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6. A LA MÊME.

Quartier de Chlum, 12 août 1745.



Ma chère maman Camas,

Il me prend un tendre pour votre correspondance, qui m'empêche de laisser la chose en si bon train. Vous ne trouverez donc pas mauvais que je réponde à votre lettre, sauf de vous interrompre dans le cercle brillant de vos plaisirs champêtres. Je ne sais encore quand et comment nous nous verrons, et tout ce que je puis souhaiter n'y contribue pas beaucoup. Vous devez savoir, mesdames, que ceux qui ont le malheur d'être des politiques se voient si fort assujettis au mouvement général des événements, qu'ils sont obligés de suivre l'impression que le tourbillon fait sur eux. Tout ce que je puis assurer, c'est que je ne serai point fâché de revoir mes pénates, mes parents et mes amis. Ce sont des sentiments que l'on ne doit pas avoir honte d'avouer. Je m'en fais gloire, comme de ceux de l'estime parfaite avec laquelle je vous prie de me compter au nombre de vos bons amis.

Federic.

7. A LA MÊME.

Camp de Semonitz, 30 août 1745.



Madame,

La dernière fois que je vous écrivis, j'avais l'âme bien tranquille, et je ne prévoyais pas le malheur qui allait m'accabler. J'ai perdu en