<309>

Et quand, sans le savoir, son appât nous entraîne,
Fous nos soins sont perdus, et notre étude est vaine.
Ainsi, mon cher Duhan, dans l'âge des plaisirs
J'étais le vil jouet d'impétueux désirs.
Dans l'été de mes jours, devenu plus solide,
Minerve de mes pas devrait être le guide;
Mais, hélas! la sagesse est rarement le fruit
D'un concours accablant de tumulte et de bruit.
C'est pourquoi, retiré dans l'ombre du silence,
Je cherche, quoique tard, la vertu et la science.
O toi qui les connais, conduis-les sur ces bords;
Pour les y conserver nous ferons nos efforts.
Leur air majestueux et leur simple parure
Semble de réunir et l'art, et la nature.
Puisse-je, dans ce temple, au regard des mortels,
Leur établir un culte, élever leurs autels,
Tandis qu'à ta vertu rendant un juste hommage.
Je dois m'envisager comme étant ton ouvrage!
Tels qu'on voit dans les champs les arbrisseaux épars,
Les branchages confus dépendre des hasards,
Quand une heureuse main prend soin de leur culture,
Devenir des jardins la plus riche parure :
Ainsi, sur les esprits quand l'éducation
D'un soin laborieux cultive la raison,
Elle abolit en nous les idées confuses,
Et nous forme le goût au commerce des Muses.
Je te dois plus, enfin, qu'à l'auteur de mes jours :
Il me donna la vie en ses jeunes amours;
Mais celui qui m'instruit, dont la raison m'éclaire.
C'est mon nourricier, et c'est là mon seul père.

Le loisir que j'ai eu pendant le séjour que je fais ici m'a donné lieu de vous tenir parole. Voici, mon cher, des vers, puisque vous en voulez. Le malheur est que je ne suis pas poëte, et qu'il fallait sentir tout ce que je sens pour vous, pour le pouvoir exprimer en quelque manière. Ne me faites pas l'injure de prendre les vérités qui sont contenues dans cette pièce pour des fictions poétiques, et ne