<308>L'auguste Vérité, chaste fille des cieux,
Et sa sœur l'Équité, président dans ces lieux.
Là, tant de conquérants, les fléaux de la terre,
Sont tristement chassés par un juge sévère;
Et quiconque prétend y vouloir demeurer
Doit être vertueux pour y pouvoir entrer.
Là, tous les hommes faits d'une semblable pâte
Y sont tous confondus : Aristide et Socrate,
Tite, Auguste, Trajan, Antonin, Julien,
Virgile, Homère, Horace, Ovide et Lucien.
Ils y jouissent tous d'une semblable gloire,
Et l'immortalité conserve leur mémoire;
Au regard des humains ils paraissent des dieux,
Ils sont nourris d'encens ne fumant que pour eux.
Des belles actions c'est là la récompense.
« Que leurs faits sur ta vie aient de l'influence,
Me disait la déesse, et que cet aiguillon
Te rende infatigable au culte d'Apollon.
Mentor te conduira par des routes divines,
Il te fera cueillir des roses sans épines;
Il choisira toujours de faciles sentiers,
Phébus lui prêtera ses rapides coursiers.
Tes études seront ton charme en ta jeunesse,
Tes consolations en ta froide vieillesse;
Chez toi, dans le silence, ou bien chez ton voisin,
Dans la paix, à la guerre, en repos, en chemin,
Elles feront partout le bonheur de ta vie,
Et laisseront leurs traits dans ton âme ravie. »5
Ah! si, toujours docile à tes doctes leçons,
J'avais pu me tirer de mes distractions!
Mais ce monstre, rival d'une sage entreprise,
Pour la faire échouer sans cesse se déguise.
D'une voix de sirène et d'un ton imposteur,
Il nous remplit l'esprit d'un mensonge flatteur;


5 C'est Cicéron qui dit la même chose. Federic [L'Auteur cite souvent ce passage du discours pour Archias : p. e. t. VIII, p. 156 et 304; t. IX, p. 205 : t. X, p. 69; t. XIII, p. 142; t. XIV, p. 99; et t. XVI, p. 226.]