<219>Voici une lettre de Voltaire, écrite à un ecclésiastique de Londres, qui est charmante. J'espère, par la poste de mardi, envoyer à V. M. le commencement d'un poëme dans le goût de Scarron, sur les Travaux d'Hercule, qui me paraît charmant. L'auteur lui-même me l'a communiqué. On m'a demandé mon sentiment sur cette question : s'il faut user du plaisir toutes les fois qu'on le peut. Je soutiens que oui, et qu'on pèche en agissant autrement. J'exposerai mon sentiment à la critique également sûre et fine de V. M.

J'ai l'honneur d'être, etc.

128. A M. JORDAN.

Chrudim, 8 mai 1740.

Federicus Jordano, salut. J'ai reçu une lettre de Knobelsdorff dont je suis assez content; mais tout en est trop sec, il n'y a pas de détails. Je voudrais que la description de chaque astragale de Charlottenbourg contînt quatre pages in-quarto, ce qui m'amuserait fort.

Vous voilà donc enfin devenu politique, et plus Mazarin que Mazarin même.

Le roman de la conjecture
Et la fureur des intérêts
Font la monstrueuse figure
D'un politique à grands projets.
Sur tout il combine, il augure,
Et ses soupçons, rêves inquiets,
Qui fouillent tout en vrais furets,
Même en la plus simple aventure
Pensent découvrir des secrets.