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7. AU MÊME.

Ruppin, 27 mars 1736.



Mon cher Suhm,

C'est à vos soins officieux que je suis encore redevable du second chapitre de Wolff. Sans blesser votre modestie, et en me resserrant dans les limites les plus étroites de la vérité, je puis vous assurer que Wolff ne perd rien en passant par vos mains, et je trouve que vous vous acquittez avec tout le succès possible d'une entreprise aussi noble que difficile.

Enfin, je commence à apercevoir l'aurore d'un jour qui ne brille pas encore tout à fait à mes yeux; et je vois qu'il est dans la possibilité des êtres que j'aie une âme, et que même elle soit immortelle. M. Achard m'envoie un grand raisonnement sur cette matière,280-a qui doit servir de supplément aux sermons qu'il nous a faits cet hiver; et il me demande de lui faire voir les endroits de son raisonnement que je trouverai les plus faibles. Mais je m'en garderai bien; car, quoique la plupart des raisons qu'il m'allègue soient des sophismes plutôt que des arguments, je ne m'ingérerai pas à entrer en lice avec des personnes qui ont étudié, et qui en savent infiniment plus que moi. Je m'en tiens à Wolff, et, pourvu qu'il me prouve bien que mon être indivisible est immortel, je serai content et tranquille.

Le profit que vous pouvez tirer de vos peines, mon cher Suhm, est que, au lieu que la véritable amitié que j'ai pour vous finirait avec ma vie, elle restera immortelle comme mon âme, et que cette âme, se sentant, après Dieu, redevable à vous seul de son existence, ne manquera jamais de vous donner des marques d'une amitié fondée<281> sur l'estime, l'inclination et la reconnaissance parfaite avec laquelle je suis,



Mon cher Diaphane,

Votre très-fidèlement affectionné ami,
Frederic.


280-a Voyez ci-dessus, p. 121-123.