<41> l'occasion du départ de ces lieux; il y a un drôle assortiment de conviés; Dieu sait quel effet cela fera. Du reste je vous prie, mon cher général, de ne point croire que je sois si hochdeutsch de prendre mal le bon conseil que vous me donnez; si vous me déguisez vos pensées, alors je ne vous prendrai pas pour mon ami, car la fausseté marque une grande haine pour ceux envers qui on la met en usage. Je vous prie de rester toute ma vie sur le pied où vous êtes, et de dire un chat un chat, et Rolet est un fripon.a Il ne faut point flatter, car l'esprit humain se flatte assez de soi-même, et chacun a besoin d'un habile censeur qui soit fidèle et sache vous convaincre de votre tort ou de vos irrégularités, non en se ridant le front, mais en badinant. Je croirais être au comble de mes félicités, si nous pouvions voyager ensemble; si j'y puis contribuer, faites-moi, mon cher maître, le plaisir de me le dire. Mais je crains fort que le Roi ait trop affaire de vous, et qu'il ne puisse se passer de vos conseils.

La lettre de Baireuth est fort intéressante, et j'espère qu'au mois de septembre, ma sœur recouvrera sa première santé. Si je voyage, j'espère bien d'avoir la consolation de la voir pour quinze jours ou trois semaines; je l'aime plus que ma vie, et pour toutes les obéissances que j'avais pour le Roi, j'espère bien mériter cette récompense. Les divertissements du duc de Lorraine sont fort bien réglés, mais la cour fait trop peu; on aurait bien pu donner des bals à la cour. Que je suis ravi, mon cher général, de vous revoir et de parler à une personne dont je suis persuadé qu'elle est de mes amis! Je vous prie, monsieur, restez-le toujours, vous n'obligerez pas un ingrat, au contraire, une personne qui se fait gloire de témoigner sa reconnaissance, et qui n'a pas honte de reconnaître un bienfait reçu.


a

J'appelle un chat un chat, et Rolet un fripon.

Boileau, le

sat. I

, v. 52.