<325> qu'il se conduirait facilement dans le monde, s'il s'avisait d'étudier les hommes, et s'accoutumait à réfléchir sur lui-même dès que la raison vient, de ses puissants rayons, éclairer son âme! Et si une telle habitude ne pouvait manquer d'être d'un très-grand usage à tout simple particulier, quelle utilité n'en devrait pas retirer un grand prince dans le gouvernement de ses États! V. A. R. pourra nous en dire un jour des nouvelles, puisque, du train dont elle y va, elle aura plus fait de chemin dans cette étude, et aura acquis plus de lumières à trente ans, que les autres hommes ne l'ont communément fait à quatre-vingts, où il est trop tard d'en faire usage.

Daignez, monseigneur, excuser cette petite digression, qui est venue si naturellement au bout de ma plume, que vous pouvez la regarder comme un effet nécessaire de l'union et de l'harmonie d'une âme toute pleine et sans cesse occupée de vous, avec un corps toujours prêt à obéir aux impressions qu'il reçoit d'elle, et toujours disposé à en exprimer les sentiments. Je regarderais même en ce moment comme le comble de la faveur si V. A. R. voulait bien y trouver une raison suffisante de se persuader intimement que c'est de cœur et d'âme, que c'est enfin absolument avec tout moi-même que je suis et veux être toute ma vie, etc.

36. A M. DE SUHM.

Remusberg, 16 novembre 1736.



Mon cher Diaphane,

Depuis les mesures que vous avez prises dernièrement à l'égard de notre correspondance, tout va le mieux du monde; je reçois vos lettres assez régulièrement, mais un peu vieilles, et je me pique de