<299> si avantageusement, que je ne me reconnais plus. Enfin vous prêtez l'attribut de la perfection à un être qui en est bien éloigné, et qui remarque, par tout ce qui lui est connu de lui-même, qu'il est marqué au coin de l'humanité aussi bien que le dernier galérien. Je passe à l'endroit de votre lettre qui m'est le plus flatteur, et où, pour ainsi dire, vous me donnez une hypothèque sur votre personne. Quelle acquisition pourrais-je faire au monde qui me fut plus agréable? Que l'on m'offre tous les trésors du Pérou, je ne balance pas un moment entre le choix que je devrais faire, et je trouve en vous un trésor qui m'est plus utile que tous ceux que la masse grossière et matérielle de ce monde pourrait offrir. Vous savez que mon cœur est incapable de se démentir, et qu'il ne se sert de ma plume que pour exprimer d'une manière figurée ses sentiments.

Si mon cœur dans mes vers ne parle par ma plume,
Que le feu qui l'anime aussitôt le consume.

Je pars demain pour la Prusse. Le voyage sera de quatre semaines, pendant lesquelles notre fameux précepteur Wolff sera ma compagnie. Adieu, mon cher Diaphane. Il est superflu de vous répéter tous les vœux que je fais pour la réussite de vos desseins. Puisse votre sort, d'une manière inséparable, être uni au mien! Puissé-je un jour vous témoigner ma reconnaissance autant que je le désirerais, et que chaque jour me fournisse l'occasion de vous réitérer de vive voix les sentiments de la plus parfaite estime qui fut jamais!

Je suis,



Mon cher Diaphane,

Votre très-fidèle ami,
Frederic.