<298> venir couler mes derniers jours près de la merveille de notre siècle, afin de pouvoir me délecter à la contempler et à lui rendre mes sincères hommages. Voilà, monseigneur, ce qui manque encore à ma félicité, et je mourrais sans doute aujourd'hui sans regret, si je devais renoncer pour toujours à cette douce espérance, le seul soutien de ma faible vie.

Je suis, monseigneur, et serai jusqu'au tombeau, avec les sentiments du plus profond respect et du plus entier dévouement, etc.

21. A M. DE SUHM.

Berlin, 3 juillet 1736.



Mon cher Diaphane,

Je n'ai reçu qu'hier les deux paquets que vous m'avez fait le plaisir de m'envoyer. Je vous en remercie de tout mon cœur, en vous assurant que je ne lis aucun cahier de votre ouvrage sans me ressouvenir en même temps à quels devoirs la reconnaissance m'engage. J'avais déjà corrigé la faute qui se trouve dans le paragraphe 282, en substituant, comme vous me le marquez, au mot entendement celui d'imagination.

Enfin, mon cher Suhm, l'on peut professer la philosophie à tête levée et sans plus craindre les foudres du pédagogue, ni le fantôme de l'irréligion. La raison reprend l'empire qui lui est dû, et l'erreur s'en ira chercher son refuge dans les cerveaux étroits de quelques génies faibles, et dans le giron de la superstition.

J'en viens à la dernière lettre que vous m'avez fait le plaisir de m'écrire; mais qu'en puis-je dire, sinon que l'amitié aveugle que vous avez pour moi vous fait estimer un chétif mortel au delà de son prix? Les couleurs flatteuses avec lesquelles vous me peignez me masquent