<274>Quelle gloire pour notre philosophe de prouver l'existence de la plus belle âme qu'il y ait dans l'univers! et quelle félicité pour moi d'en être l'interprète! Je n'en connais point d'autre après celle-là, dans ce inonde, que de me voir aux pieds de V. A. R., de pouvoir lui témoigner les sentiments d'admiration et de respect avec lesquels je serai pendant toute ma vie

de Votre Altesse Royale
le très-soumis et tout dévoué serviteur,
U.-F. de Suhm.

2. A M. DE SUHM.

Ruppin, 17 mars 1736.



Mon cher Suhm,

Vous savez que des nouvelles agréables, annoncées par des personnes que nous aimons, semblent nous faire plus de plaisir qu'elles ne nous feraient, si nous les apprenions d'une bouche indifférente. Vous comprenez ou vous devinez sans doute que l'assurance que me donne Wolff de l'immortalité de mon âme (chose qui m'intéresse infiniment, et dont vous êtes l'interprète) doit me causer une double joie, me venant de vous, et me valant une lettre dans laquelle vous épuisez tout ce que la politesse a pu fournir de plus honnête et de plus obligeant. Il s'agit à présent d'y répondre, et je ne saurais vous dire autre chose, sinon que ce qui serait capable de me donner une bonne idée de mon âme, c'est la vive représentation qu'elle se fait de votre personne, et l'idée juste et avantageuse dans laquelle vous lui êtes toujours présent. Je me rappelle toutes nos conversations nocturnes, et je vous assure que je n'ai pas perdu un petit mot de tout ce que