<XXII>Le texte français ne fut publié qu'en 1788; il avait sans doute été communiqué par Darget fils aux éditeurs bâlois des Œuvres posthumes de Frédéric le Grand, roi de Prusse, qui l'y ont inséré, t. III, p. 425 et 426.

« Ce Portrait, dit Formey, en le reproduisant, est incontestablement fait par le Roi, et caractérise Voltaire de manière à ne s'y pas méprendre.a »

Le Roi s'est borné dans cet opuscule à varier un Portrait de Voltaire fait en 1735, et publié entre autres dans les Amusements littéraires, ou Correspondance politique, historique, philosophique, critique et galante, par M. de la Barre de Beaumarchais. A la Haye, chez Jean van Duren, 1740, in-8, t. I, p. 259-262.

Il est fait mention plusieurs fois du portrait original dans la correspondance de Voltaire. Le 12 juin 1735, il écrit à Thieriot : « Qu'est-ce que c'est qu'un portrait de moi en quatre pages, qui a couru? Quel est le barbouilleur? Envoyez-moi cette enseigne à bière. » Il lui écrit quelques jours plus tard : « Je vous remercie du barbouillage que vous m'avez envoyé sous le nom de mon portrait. » Le 4 août 1735, il écrit à M. Berger : « J'ai vu le portrait qu'on a fait de moi. Il n'est pas, je crois, ressemblant. J'ai beaucoup plus de défauts qu'on ne m'en reproche dans cet ouvrage, et je n'ai pas les talents qu'on m'y attribue; mais je suis bien certain que je ne mérite point les reproches d'insensibilité et d'avarice que l'on me fait. » Enfin, il écrit à Thieriot, au mois d'août 1735 : « Tout le monde attribue le portrait au jeune comte de Charost. J'ai bien de la peine à croire qu'un jeune seigneur qui ne m'a jamais vu ait pu faire cette satire; mais le nom de M. de Charost, qu'on met à la tête de ce petit écrit, me confirme dans le soupçon où j'étais que l'ouvrage est d'un jeune abbé de la Mare, qui doit entrer auprès de M. de Charost. C'est un jeune poëte fort vif et peu sage. Je lui ai fait tous les plaisirs qui ont dépendu de moi; je l'ai reçu de mon mieux, et j'avais même chargé Demoulin de lui donner des secours essentiels. Si c'est lui qui m'a déchiré, il doit être au rang des gens de lettres ingrats. »

Nous donnons le Portrait fait par le Roi, tel qu'il se trouve dans les Œuvres posthumes, édition de Bâle.


a Souvenirs d'un citoyen. A Berlin, 1789, t. I, p. 327.