<96>Ovide nous instruit dans l'art de bien aimer,
Anacréon à boire, à rire, à folâtrer.
Nos âmes, par Minerve au sein des arts guidées,
Gagnent dans ce Pérou tout un trésor d'idées;
De nos ébats badins elles font l'agrément,
De nos graves discours elles sont l'ornement.
Le sublime plaisir que nous donne l'étude
Est un plaisir tranquille et sans inquiétude;
Ses faveurs sont sans fin, ses bienfaits sont constants;
Un seul moment voit naître et périr ceux des sens.
L'ennui, ce dieu pesant à la face glacée,
Cède, et bâille en cédant sa place à la pensée;
Et l'esprit scrutateur, la curiosité
Le chasse par l'étude et l'assiduité.
De nos talents divers, cachés à la lumière,
La modeste science est l'habile ouvrière;
Et cet or précieux, travaillé par ses mains,
En est plus estimé dans l'esprit des humains.
Le chef-d'œuvre divin du fameux Praxitèle.
Où quarante beautés servirent de modèle,
Avant d'être taillé, n'était qu'un bloc épais,
Grossier, raboteux, abject et sans attraits.
Mais son ciseau le touche, et le marbre respire;
Vénus paraît, on voit, on sent, et l'on soupire.
La nature fournit l'esprit et le bon sens;
Mais, sortis de ses mains, nous sommes ignorants.
L'art vient la seconder; son heureuse culture
Perfectionne en nous les dons de la nature;
Il enseigne aux humains quel est l'usage heureux
De l'esprit, des talents qu'ils reçurent des cieux.
Vois ces chênes touffus, aux cimes orgueilleuses,