<118>Chevroter des hymnes divins,
Et de Calliope expirante
Ranimer les feux presque éteints?
Au sein de l'horreur, des alarmes,
Dans le tumulte et les hasards,
Crois-tu que sous nos étendards,
Parmi le carnage et les armes,
Et l'énorme fracas des camps,
Les Grâces prodiguent leurs charmes,
Et daignent m'inspirer leurs chants?
Je vois ces nymphes fugitives,
Timides, errantes, craintives,
Chercher des asiles plus doux;
Leurs pas se détournent de nous
Pour se fixer sur cette rive
Où la paix habite avec vous.
Vois ici, de meurtres avides,
L'œil enflammé, de rang en rang,
Les implacables Euménides
Se baigner dans des flots de sang.
Comment à cette race impie
Le ciel unirait-il jamais
Ces tendres filles du génie,
Des beaux-arts et de l'harmonie,
De l'opulence et de la paix?
Qui voudrait joindre à la fanfare
La flûte ou la douce guitare
Ferait un mélange odieux.
Il faut qu'en ce monde bizarre
Chaque chose soit en son lieu;